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                           Photo affiche rouge


Auteur : Sylvaine Galéa

La mère de mon époux, Ginette Tenenbaum, m'a fait promettre, quelques temps avant sa mort, de retracer l'histoire de Lajb Goldberg qui était son fiancé.
Elle me l'a demandé car elle connaissait ma passion pour l'histoire.
Cette histoire; bien que familiale, fait partie des évènements de la seconde guerre mondiale qui ont bouleversé la vie de millions de personnes. A ce titre, elle fait partie maintenant du domaine publique.

Lajb (Léon en polonais) est fusillé le 21 février 1944 en tant que FTP MOI à la suite du "procès des 23 étrangers" de l'Affiche Rouge
Dans sa lettre d'adieu à Ginette Tenenbaum il disait, entre autre : "tout ce que je voudrais, c'est que quelquefois, vous tous mes amis, pensiez à moi..."
La volonté de retracer cette tranche de vie est une manière de sauvegarder la mémoire de ces évènements car comme l'a écrit Vercors "la perte de la mémoire est presque aussi criminelle que le crime lui même".
Cette démarche de mémoire paraît importante aujourd'hui où l'on voit renaître tous les vieux fantômes des intégrismes et les nombreuses formes d'intolérances.
Les recherches sont difficiles mais passionnantes et mon métier d'archiviste me permet de prendre du recul pour ne pas laisser les sentiments cacher les évènements. En effet, les souvenirs sont encore douloureux et les recherches déclenchent parfois des réactions sentimentales de vengeance ou de honte. De plus, ce passé est à la fois proche et lointain : proche car certains documents d'archives ne sont toujours pas communicables, lointain car les témoins sont souvent âgés voire même décédés.
C'est sur la base de documents familiaux que j'ai pu commencer mes recherches. J'ai ensuite fait appel à différentes associations ainsi qu'à des musées.
Bien que les recherches ne soient pas terminées, les renseignements obtenus permettent de retracer une partie de la vie de Léon Goldberg.

Léon est né à Lodz en Pologne le14 février 1924. Son père, Samuel, tailleur, est né à Radomak, le 21 mai 1901 et sa mère Riwka Gelemer, à Zwelen le 12 octobre 1894.
Le 27 mars 1931, naît à Paris, son frère Henry. La famille habite alors 7, impasse Questre, dans le 11ème arrondissement. Puis Max voit le jour le 25 août 1934, dans le 4ème arrondissement.
Pendant l'Occupation la famille habite 42, rue de Meaux dans le 19ème arrondissement de Paris. Léon est étudiant, il voulait devenir instituteur.
Au moment de la grande rafle de juillet 1942, monsieur et madame Goldberg, prévenus par une voisine, envoient Léon se cacher mais restent chez eux, persuadés que les arrestations ont pour but le travail en Allemagne.
Ils pensent que d'avoir deux jeunes enfants les garantit  contre la déportation.
Le 16 juillet 1942, ils sont arrêtés.
Son père est interné à Baune-la -Rolande et Compiègne puis déporté vers Auschwitz par le convoi N°13 du 31 juillet 1942.
Sa mère et ses deux frères (11ans et 8 ans) le sont à Pithiviers, puis Drancy avant d'être déportés pour Auschwitz par le convoi 21 du 19 août 1942. 
Léon se réfugie chez  monsieur et madame Tenenbaum (parents de sa fiancée) habitant 99, avenue Simon Bolivar, Paris 19 ème, où il restera jusqu'à son arrestation.
La famille d'accueil (française par naturalisation en 1928) se composait déjà de 6 personnes
Le père Israël, passementier, né en 1883 à Ostrowitze (Pologne),la mère Clochen Gips, née en 1886 à Varsovie (Pologne);
Quatre enfants :
Henry né à Varsovie le 3 juin 1912
Fanny née à Paris le 23 juin 1921
Ginette née à Paris le 7 avril 1925 (fiancée de Léon)
Haïm Jacques né à Paris le 2 décembre 1926

Léon entre en relation avec les FTP-MOI, mais jusqu'à maintenant, nous ignorons dans quelles circonstances, avant ou après la rafle du "Vel d'hiv"?
Dans la Résistance, il est connu sous le pseudonyme de Julien, ses faux papiers mentionnent Gérard Charton demeurant 23, rue Clovis Hugues Paris 19ème. Les polices Française et Allemande ont toujours ignoré qu'il était hébergé avenue Simon Bolivar. Ainsi sa famille d'accueil ne fut jamais inquiétée de son fait.
Léon est arrêté avec deux de ses camarades à Mormant, petit village de Seine et Marne, à la suite d'un déraillement de train qu'ils ont provoqué à Grand-Puits  (sur la ligne Paris Troyes), le 25 octobre 1943.

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