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LEON GOLDBERG

 Arrestations

…et lors de notre retour, vers 11h40, circulant sur la RN446, nous croisons pour la seconde fois, trois individus que nous interpellons à l’ entrée de Melun. Nous les avions croisés une première fois, vers 9 heures du matin, en forêt, près de la Chapelle Gauthier. Ces trois individus nous présentent des cartes d’identité établies par des commissariats de police et semblant fausses. Ils nous déclarent s’être rendus en « campagne » pour y trouver du ravitaillement…

fouillés, ils sont trouvés porteurs des objets suivants, à savoir :

Le nommé Charton Gérard :

une somme de 1725 francs, un pistolet automatique de fabrication américaine, de marque « savage », 7mm65, chargé de 10 cartouches ;

Le nommé Belloni Mario :  

D’une somme de 220 francs, un pistolet automatique « le sans pareil » 6mm35mm chargé de 10 cartouches, d’un sac genre « camping » contenant une clé tubulaire à quatre pans du calibre des tire-fonds utilisés pour fixer les rails de chemin de fer, d’une tige d’acier et de deux tubes métalliques, de deux cartes de la région et d’un indicateur « chaix » du réseau de l’est, d’octobre 1943.

En conséquence, nous mettons ces trois individus en état d’arrestation et les conduisons au siège de notre service à Melun.

Le commissaire de police

Chef de la sûreté.  

Etats civils

 Sur les cartes d’identité nous relevons les états civils suivants :

CHARTON Gérard, apprenti, né le 25 novembre 1925 à Rouen (Seine Inférieure), demeurant à Bezons (Seine et Oise), 16, rue de la Convention. (Carte d’identité N° 2791 délivrée le 29 avril 1941 par le commissariat de la circonscription de Bezons).

BELLONI Mario, mécanicien, né le 21 mai 1910 à Arbassano (Italie), demeurant à Savigny sur Orge 27, rue de Courteline (carte d’ identité N° 6724 délivrée le 27 juin 1942 par le commissariat de Savigny sur Orge).

NATAC Carol, né le 25 mai 1910  à Bratislava (Tchécoslovaquie)  demeurant à Savigny su Orge 123,rue Carnot. (Carte d’identité N° 1309 délivrée par le commissariat de Savigny su Orge le 11octobre 1941)

Charton nous déclare se nommer  en réalité Goldberg Léon, né le 14 février 1924 à Lodz (Pologne), de race juive, sans domicile fixe, célibataire.

Le commissaire de police

Chef de la sûreté

  Au  service régional :

Nous avisons, de ces arrestations immédiatement le service régional de sûreté de Paris et la première brigade de police mobile prend la direction  de cette affaire, ce même jour.

 

Le commissaire de police

Chef de la sûreté

Mise sous scellé :

Nous mettons sous scellés ouverts le objets saisis sur les susnommés à savoir :

Scellé N°1 :

un pistolet automatique de fabrication américaine, de marque « savage », 7mm65, chargé de 10 cartouches ;  

Scellé N°2

un pistolet automatique « le sans pareil » 6mm35mm chargé de 10 cartouches  

Scellé N°3

une clé tubulaire à quatre pans d’une tige d’acier

Scellé N°4

 Deux  tubes métalliques

A monsieur le procureur :

Avisons ce jour de cette arrestation en flagrant délit, monsieur le Procureur de l’Etat

de Melun

Avis aux autorités allemandes de Seine et Marne

Avisons également ce jour, les services de police militaire de Seine et Marne.

Transmission :

Transmettons le présent ainsi que les scellés mentionnés ci-dessus à monsieur le commissaire divisionnaire,

4 photos des lieux du sabotage,

3 fiches de voie publique, aux noms des inculpés

3 fiches signalétiques aux noms des inculpés

3 fiches dactylographiées aux noms des inculpés.

AUDITION DE LEON GOLDBERG LE 26 OCTOBRE 1943

Nous, Jouhaneau Alfred, commissaire de police de sûreté à la première brigade régionale à la police de sûreté de Paris,

Le 26 octobre 1943, à la suite de l’attentat ayant eu lieu à 4h44, contre le train de marchandises TP 1102, allant de Troyes à Paris au km PK 65550,commune de Grandpuis,sur la ligne Paris Belfort, le commissaire Bezon, chef de la sûreté de Melun, assisté des inspecteurs Soupey, Bidot et Lahourde, ayant procédé à l’arrestation de trois individus, auteurs d’un attentat, entendons le sieur Goldberg Lejb, âgé de 19 ans, sans profession, demeurant 23, rue Clovis Hugues à Paris19 ème qui nous déclare :

 

Je me nomme Goldberg Lajb, né le 14 février 1924 à Lodz (Pologne) de Samuel Jacob et de Régine Geleimer, étudiant domicilié autrefois chez mes parents 32, rue de Meaux, actuellement 23, rue Clovis Hugues à Paris 19ème.

Je suis de race juive, de nationalité polonaise. Je n’ai jamais accomplis aucun service militaire et je n’ai jamais été condamné.

Mon père est entré en France en 1928, j’étais à cette époque à Lodz avec ma mère.

En 1929, octobre ou novembre, je crois, mon père qui avait trouvé du travail, nous a adressé, à cette époque les papiers nécessaires pour nous permettre de venir nous installer près de lui.

A mon arrivée en France, alors que j’étais âgé de 5 ans et demi mes parents m’ont mis à l’école maternelle 75, rue de Belleville, où je suis resté jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Ensuite je suis entré à l’école primaire 77, boulevard de Belleville où je suis resté pendant 7 ans. En 1937, à la suite d’un concours je suis entré au cours professionnel 69, avenue Simon Bolivar où je suis resté 2 ans. La guerre ayant éclaté j’ai fait une 3 ème année au cours général, ce qui m’a permis de passer mon brevet.

En revenant de l’exode à Paris, j’ai suivi pendant deux ans les cours du centre professionnel de l’école Turgot, c'est-à-dire jusqu’en mai 1942. ensuite j’ai accompli un stage de trois mois à l’usine R            ateau à la Courneuve.

Le 16 juillet au matin, alors que je n’étais pas chez moi, mes parents ont été arrêtés par les autorités allemandes, 32 rue de Meaux à leur domicile et internés à Pithiviers, comme israélites. Depuis je suis sans nouvelles d’eux.

J’ai alors vécu caché dans différents endroits des subsides que me donnait l’un de mes oncles, arrêté depuis comme israélite au mois de juillet 1943 je crois.

Au bout de quelques temps, l’argent qui m’avait été fourni par mon oncle s’épuisant, j’ai cherché à m’employer. J’ai fait la connaissance, dans un cinéma, d’un individu qui m’a proposé du travail. J’ai accepté sa proposition et il m’a fixé rendez-vous pour me donner des précisions sur la tâche a que j’aurais à accomplir.

Au cour de cette entrevue, l’individu m’a d’abord demandé qu’elles étaient mes opinions politiques et lui ayant répondu que je n’en n’avais jamais eues, il a mis la conversation sur la situation générale. Il m’a mis en confiance, m’a demandé ce que je faisais exactement.

Je l’ai mis au courant de ma situation exacte.

A ce moment il m’a proposé de faire partie d’un groupe de « patriotes ». Démuni de papiers d’identité il m’a fait connaître qu’i m’en procurerait. J’ai accepté sa proposition.

En le quittant, il m’a fixé un rendez-vous pour un mois plus tard dans un cinéma des grands boulevards. A l’entracte nous nous sommes retrouvés. Il m’a remis les papiers d’identité que j’avais sollicités, c'est-à-dire une fausse carte d’identité N°2791 délivrée le 29 avril 1941 par le commissariat d’Etat de la deuxième circonscription de Bezons au nom de CHARTON Gérard, apprenti, né le 25 novembre 1925 à Rouen (Seine Inférieure), demeurant à Bezons (Seine et Oise), 16, rue de la Convention, de l’argent, et des tickets d’alimentation.

C’était, à ce moment, au début  de septembre 1943. En me quittant il me fixa un nouveau rendez-vous à la gare de l’Est près du kiosque à journaux, du hall de banlieue avec un individu dont il me donna le signe de reconnaissance suivant : «devait avoir un journal ouvert à demi dans la main droite ».

Après avoir pris contact avec l’individu en question à la gare de l’Est, celui-ci m’a remis un sac tyrolien, en m’indiquant qu’il me servirait pour emporter les vivres lorsque nous aurions à nous déplacer. En le quittant, il m’a fixé rendez-vous sur le quai de la gare de l’est, dont je ne me souviens pas du numéro, le 23 septembre vers 14 ou 15 heures.

Sur le quai en question, j’ai été abordé par un individu qui m’a reconnu d’après le signalement qu’on lui avait donné de moi et par le sac qui m’avait été remis précédemment et que je portais sur le dos. Il m’a demandé si je m’appelais bien Julien. Sur ma réponse affirmative, il m’a demandé de le suivre. Ce prénom Julien m’avait été donné par l’individu qui m’avait remis les faux papiers.

De la gare de l’Est nous sommes allés à la gare de Paris-Bastille où nous avons trouvé deux autres camarades et nous avons pris un train à destination de Brie Comte Robert. De là nous nous sommes rendus à pieds à Coubert où nous avons effectué un sabotage sur la voie ferrée.

Nous avons pris le train le lendemain, 24 septembre à Lieusaint pour rentrer à Paris. Nous nous sommes séparés après que l’on eut fixé rendez-vous pour quinze jours plus tard environ, à la gare de l’Est, hall des grandes lignes.

Quinze jours plus tard, vers le 11 octobre 1943, « André » le chef d’équipe de mon groupe, est venu me rejoindre à l’endroit fixé. Il m’a donné de l’argent et m’a dit d’aller prendre un billet à destination de Chalon sur marne.

A Chalon sur Marne j’ai retrouvé cinq camarades….

A Nangis, en effet, j’ai retrouvé « André » et Cinq camarades. Sous la conduite d’« André » nous avons marché environ une heure et demie. Il était environ 23heures 30, nous avons attendu que le dernier train de voyageurs soit passé, puis nous sommes montés sur la voie. Un camarade et moi avons été désigné pour faire le gué pendant que les autres s’employaient avec les outils que j’avais apporté, à dévisser les éclisses et détirefonner les traverses. Il était environ 2 heures du matin lorsque le travail fut terminé, nous avons pris tous les six la route. Nous étant égarés, nous avons attendus le jour pour pouvoir nous diriger plus sûrement. Vers 7 heures du matin nous avons formé des groupes de trois. Il était convenu qu’on se retrouverait à Paris.

Alors que mon groupe atteignaient les premières maisons de Melun vers 11heures 40, une automobile s’est arrêtée cent mètres devant nous, quatre ou cinq hommes sont descendus en disant « police, vos papiers ». Nous avons sortis nos papiers et avons répondu que nous revenions du ravitaillement. Ils nous ont fouillé, pour ma part j’ai été fouillé à deux reprises. La deuxième fois ils ont trouvé mon revolver que je portais sous mon bras. On nous a passé les menottes et conduits au commissariat de police de la sûreté de Melun…

30 OCTOBRE NOUVEL INTERROGATOIRE

R : j’affirme que les choses se sont bien passées ainsi, je n’ai vu personne d’autre que « Henri » à qui j’avais fourni les renseignements concernant ma famille et ma situation. Je n’ai jamais entendu parler des cadres et j’ignore ce que c’est.

SI : A partir de septembre, j’ai touché mensuellement 2300 francs et des titres de ravitaillement.

Je n’ai pas dit toute la vérité sur mon recrutement.

C’est par l’intermédiaire d’un camarade que j’avais connu sur la plage de Champigny je crois que j’ai été présenté ou plus tôt entraîné dans l’organisation dont je fais partie.

Goldberg avait été pris en filature et vu à plusieurs reprises en compagnie de militants communo-terroristes :

08 septembre 1943 10 heures 30 square des Buttes Chaumont : Fingerweig

08 septembre 1943 18 heures 25 cours de Vincennes :                Glasz

09 septembre 1943 16 heures 55 rue Mounet Sully :                     Martiniuk

30 septembre 1943 18 heures 40 porte de Vincennes                   Boczor

Le train se composait de 51 wagons ; 27 sont détruits et obstruent les deux voies. Destruction de blé, bois, divers colis et des moteurs d’avions.

Deux convoyeurs militaires allemands sont tués. Le chef de train est légèrement blessé.