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GOLDA BANCIC
16
novembre 1943
Pierre Gautherie
Constatons que
les inspecteurs Blanchin, Candas, Gourjon, Amigou, Brandy et Schultz mettent à
notre disposition la nommée
Arrêtée ce jour, à 13h30, rue du docteur Paul Brousse (Paris
17 ème), dans les circonstances énoncées au rapport ci-joint, alors
qu’elle se trouvait en compagnie du nommé Rajman Marcel dit
« Michel », membre de l’équipe spéciale des FTP
Fouillée lors de son arrestation, par une personne de son sexe, elle a
été trouvé porteur d’une fausse carte d’ identité au nom de Lebon née
Petresca Marie.
La femme Bancic fait l’objet aux archives centrales de notre direction
d’un dossier n° D.117.587 où l’on trouve un rapport de renseignements
en date du 15 décembre 1941, relatif à l’évasion de son amant le
nommé Salomon Jacob de l’hôpital Tenon, le 23 novembre 1941.
Elle est inconnue aux archives de la police judiciaire.
Son nom n’est pas noté aux sommiers judiciaires.
Nous procédons à son interrogatoire par acte subséquent.
Le
commissaire de police.
Interpellée
verbalement lors de son arrivée à notre service, la femme Bancic à reconnu
après de nombreuses réticences être domiciliée 114, rue du château d’eau.
Le
commissaire de police
16
novembre 1943
Interrogatoire de
Golda Bancic
….je me nomme Golda Bancic née le 28 mai 1912 à chizineau (Roumanie),
de Noé et de Zeains Marie, célibataire, un enfant.
Je suis de nationalité roumaine et de race juive.
Je suis démunie de pièce d’identité d’étranger.
Je suis domiciliée 114, rue du château à Paris 14.
Je sais lire et écrire et écrire le français.
Sur les faits :
Je suis arrivée en France en 1938, venant de Chisineau. J’avais
l’intention de suivre mes études à la faculté de lettres où j’étais
inscrite quelques jours après mon arrivée jusqu’à la déclaration de
guerre.
J’ai retrouvé à Paris un de mes compatriote que j’avais connu en
Roumanie. J’ai vécu avec lui maritalement 2 cité Popincourt, puis 60, rue
saint Sabin.
Mon ami s’appelle Jacob
Salomon, il a été arrêté en septembre 1941, je crois, en temps que juif
roumain et interné à Drancy. J’ignore ce qu’il est devenu.
En avril 1943, je suis venue habiter 114, rue du Château à Paris. Pour
subvenir à mes besoins je faisais des ménages.
En juillet 1943, une personne dont je n’ai jamais connu le nom, m’a
demandé de travailler pour une organisation communiste. J’ai accepté. Elle
m’a alors présenté à un homme avec qui j’ai toujours travaillé. Je me
refuse à vous donner le pseudonyme de cet homme, du reste je ne m’en souviens
plus.
J’ai pris le pseudonyme de Pierrette, je ne sais pas le numéro
matricule qui m’avait été affecté, j’ignore à quel détachement
j’appartenais.
Les premiers temps, l’homme avec qui je travaillais m’a passé quatre
pistolets et quatre grenades que j’ai entreposé chez moi.
Mon rôle consistait à porter les armes sur les lieux ou plutôt à
proximité des lieux d’opération.
Après l’opération les camarades me rendaient les armes que je rapportais
chez moi.
J’ai effectué ce travail quatre ou cinq fois. Je ne me souviens plus
à quels endroits je me suis rendue ni de quelles opérations il s’agissait.
Les derniers temps je n’ai pas repris les armes chez moi celles-ci sont
restées aux mains de mes camarades. Je n’ai plus de matériel chez moi.
A l’issue d’une de ces opérations, j’ai appris qu’un camarade
appelé « André » avait été blessé accidentellement. Je sais que
ce camarade a été soigné par des docteurs n’appartenant pas à notre
organisation. J’ignore le nom et l’adresse de ces docteurs.
S.I. Je touchais de l’organisation 2300 francs par mois, ainsi que des
titres de ravitaillement.
La carte d’identité qui a été découverte sur moi au moment de mon
arrestation, m’avait été remise par un membre de l’organisation dont
j’ignore le pseudonyme.
N.S.I. au moment de mon arrestation, j’étais en compagnie d’un
individu que je voyais pour la première fois. Je m’étais rendu à ce
rendez-vous sur instruction. J’ignore ce que me voulais cet homme. Je n’ai
aucune idée de l’objet de ce rendez-vous. Il s’agit bien de l’individu
dont vous me représentez la photographie et que vous me dites s’appeler
RAYMAN (« Michel »). Il y avait un autre homme à ce rendez-vous,
mais je n’y ai pas prêté attention, je ne l’avais jamais vu.